Son histoire
En 2016, Alvin Rodriguez, alors âgé de 12 ans, faisait partie d'une cohorte de jeunes courageux et déterminés d'El Volcancito, dans le département de Santa Rosa, au Guatemala, qui ont choisi d'agir face à la contamination flagrante de l'eau perpétrée par la mine d'argent d'Escobal. L’étude de centaines de sources d'eau dans des dizaines de communautés ayant révélé des niveaux avérés de dommages environnementaux a poussé le groupe à protester pacifiquement, en bloquant les camions à l'entrée et à la sortie de la mine. Malgré les affrontements avec la police antiémeute, le groupe est resté inébranlable, continuant à occuper la zone 24 heures sur 24 pendant des années. Bien que la complexité de la situation dépasse le cadre de ce texte, la communauté autochtone Xinka, à l’origine de cette mobilisation, a vu une partie de ses ambitions se concrétiser en 2017, lorsque la Cour constitutionnelle a suspendu les droits d’exploitation de la mine, en attendant la tenue d’un processus de consultation approprié.
En participant activement à ce processus, Alvin Rodriguez s'est enraciné dans sa communauté dès son plus jeune âge, et lorsqu'il a commencé la production de café, en 2019, il a pu bénéficier de l'aide et des encouragements de ses amis, en particulier de Romeo Jiménez, chevronné dans l'exportation de café vers le Canada. En 2021, Alex Reynoso, un leader du Cafe Colis Resistencia représentant les producteurs de café Xinka de Mataquescuintla et des environs, a facilité la rencontre d'Alvin avec Semilla, et depuis lors, le jeune producteur a fait d'énormes progrès en termes de volume et de qualité. Nous avons présenté le café d’Alvin pour la première fois à l'automne dernier, avec un lot honey processed, et nous sommes très heureux de le faire revenir avec ce mélange lavé de variétés Pache San Ramon et de Yellow Catuai, cultivées sur sa ferme, La Cienega.
Après avoir emprunté l'équipement de traitement d'un ami et perdu la moitié de sa récolte de 25 quintaux au cours de sa première année de production, Alvin a reçu son propre dépulpeur et a mené des expériences fructueuses avec des techniques de fermentation anaérobiques économes en eau pour ses lots lavés et honey processed. Compte tenu de la rareté manifeste de l'eau potable dans la région, le plus grand avantage des méthodes anaérobiques est sans aucun doute la conservation de l’eau et la réduction de la contamination, mais elles ont également permis d'ajouter plus de rondeur et de saveur aux profils aromatiques de ses cafés. Dans ce lot particulier, les cerises mûres subissent une première fermentation lavée de 24 heures avant d'être dépulpées et de subir une seconde fermentation sèche anaérobique dans des sacs en plastique scellés pendant 36 heures supplémentaires. Le café est ensuite séché pendant 14 jours, d'abord sous la lumière directe du soleil, puis dans un tunnel en plastique couvert dont la température est plus stable.
Comme nous l'avons indiqué dans nos descriptions des autres cafés proposés par le groupe Cafe Colis Resistencia, les luttes des habitants de cette région sont bien documentées. Outre la protestation active du CCR contre la mine Escobal, construite illégalement et appartenant à la société canadienne Pan-American Silver, le nom du groupe fait également référence à la renommée locale de la région pour la culture du chou-fleur (« coliflor » ou « colis »), une culture résistante qui, comme le café, pousse extrêmement bien dans les montagnes ensoleillées du département de Jalapa. Cependant, en raison de la pénurie d'eau, des conditions irrégulières liées aux changements climatiques et des maladies des plantes comme la rouille, les rendements du café ont considérablement diminué au cours des dernières années. Alors qu'elle produisait entre 200 et 250 quintaux de cerises par hectare il y a dix ans, la région de Mataquescuintla ne produit plus que 50 à 80 quintaux par hectare en moyenne.
En outre, les petits exploitants de cette région sont confrontés à des problèmes liés à la corruption systémique du gouvernement. Utilisant les manifestations d'Escobal en guise d’excuse, l'Anacafé (l'Association nationale du café du Guatemala) a abandonné la région en emportant avec elle des ressources telles que l'analyse des sols, la formation agronomique et l'accès au marché mondial, laissant les producteurs se débrouiller seuls pour faire face à ces difficultés. Pour ces raisons, Semilla considère que son investissement dans ce groupe de défense des terres indigènes est le plus important de tous ses projets, et nous restons déterminés à soutenir cette initiative.
L'émergence continue issue de la relève agricole comme Alvin est la preuve que le café peut agir comme source de motivation, d'organisation et de revenu, même en cas de difficultés massives à tous égards. Nous sommes ravis de soutenir et de représenter une telle relève.
Dans la tasse, on goûte la noisette, le melon miel et le caramel au beurre.
