Son histoire
Depuis quatre ans, nous nous approvisionnons dans le centre du Honduras, dans les montagnes de la Sierra de Montecillos, grâce à nos partenaires importateurs, Semilla Coffee, et à leurs relations de longue date avec une communauté de producteurs du village de San Miguel de Selguapa, dans le département de Comayagua, et de ses environs. Cette année, nous avons acheté la part du lion, un mélange de microlots doux et crémeux appelé « Sueños de Selguapa » récolté par trois producteurs de la ville de Selguapa : Adonis Argueta, Elder Castillo et Atanacia Ramirez. Dans la tasse, on goûte la poire d’Anjou, le sucre de canne et le halva.
Signifiant « rêves de Selguapa », ce nom (choisi par les producteurs de la communauté) fait affectueusement référence aux aspirations et au dur labeur qui a commencé à porter ses fruits d'année en année, avec de plus en plus de familles d'agriculteurs de la région qui gagnent des salaires durables, voire rentables, pour la première fois depuis des générations.
Le Honduras est le huitième exportateur mondial de café, qui a rapporté plus de 2 milliards de dollars canadiens en 2022 et n'a cessé d'augmenter depuis. Même au fin fond des montagnes, à Comayagua, les opportunités sur le marché des spécialités se multiplient, avec le prix du quintal (100 kg) de café parchemin qui atteint 6 000 lempires (330 dollars canadiens) à la plaza. Mais avec des trajets ardus jusqu'aux pointx de vente, des intermédiaires qui se taillent une part du gâteau et un manque de soutien en cas de problème, la croissance est-elle réellement accessible aux agriculteurs eux-mêmes ? Et dans un pays où les intérêts étrangers sont nombreux et concurrents, quelles sont les réelles conditions de cette croissance ?
La population de San Miguel de Selguapa est d'environ 1 500 habitants et la plupart d'entre eux cultivent le café par métier, mais la balance du pouvoir penche radicalement dans l'autre sens. Éventuellement, la plupart des familles verront leurs membres migrer vers le nord pour trouver un meilleur travail, ou devront se réconcilier avec les offres des entreprises canadiennes et américaines de vendre leurs terres pour l'élevage ou la monoculture de masse. Notre objectif est de faire de la gestion des terres un moyen souhaitable de gagner à nouveau sa vie.
Même si Semilla s'aligne sur les prix d'achat croissants des lots, il ne s'agit pas seulement de ventes ponctuelles ; une croissance durable signifie des relations plus solides, une qualité de production accrue et la préservation de l'environnement. Dans cette optique, l'investissement direct de Semilla s'écarte du modèle de tarification descendante au profit d'une communication ouverte et consensuelle avec les agriculteurs, fixe des prix stables qui ne sont pas liés à la qualité du café récolté, et rétablit le statu quo de l'implication étrangère au profit de ceux qui sont au bas de l'échelle, au lieu de servir uniquement ceux qui sont au niveau du gouvernement ou des entreprises.
Ce n'est pas la seule raison pour laquelle nous sommes si enthousiastes à l'idée que ce mélange de Bourbon et de Caturra revienne sur notre carte chaque hiver. Cultivées avec soin à 1800 m d’altitude dans des conditions naturelles idéales pour les variétés d'arabica, les cerises sont récoltées à maturité maximale et dépulpées immédiatement. Elles sont fermentées à sec pendant 30 heures à l'ombre, lavées à l'eau claire, puis séchées au soleil sur des lits surélevés pendant environ 25 jours. Tout cela contribue à faire de « Sueños de Selguapa » un rêve devenu réalité.